Notre Opéra du
mois pour février continue notre écoute du Trittico de Puccini. Le deuxième de ces operas est (d’après moi en
tous cas) le plus populaire et connu des trois, Suor Angelica.
Suor Angelica en rapport avec Il Trittico
Les thématiques communes des trois opéras se
retrouvent ici – il y a une grande déception (sous la forme d’un reniement) et
une mort sur scène (un suicide) mais dans ce dernier cas, il y a un élément
surprise.
Si on compare Angelica avec Michele de Tabarro et
Schicchi, on découvre des parallèles et des différences. Angelica,
contrairement à Michele, trouve ultimement une résolution, une certaine paix
interne in extremis. Angelica et Schicchi confrontent tous les deux une
possible damnation – Angelica trouvera le salut de la Sainte Vierge, mais tant
qu’à Scicchi – selon Dante – il sera condamné au purgatoire.
La pointe de l’Iceberg
Un des défis que Puccini et son librettiste doivent
surmonter est la courte durée de son opéra. Si on revient à Tabarro, il est difficile de s’investir
émotivement avec les personnages, et jusqu’à un certain point, ceci contribue à
la noirceur du dénouement.
Afin de parer la situation, Puccini et Forzano font
appel à une ruse dramatique : ils placent l’action dans un couvent, et en moins de 5 minutes, l’auditeur comprend
parfaitement le préambule aux événements. Une jeune fille de bonne famille serait dans un couvent que pour une de deux raisons: afin de s’offrir à une
vocation religieuse ou afin d’y trouver refuge (pensons à Blanche de la Force
dans le Dialogue des Carmélites, par
exemple). Ainsi donc, la religieuse homéopathe taciturne et réservée a donc un
secret, et il est sûrement un secret bœuf.
Un autre élément qui va sans dire, est que la vie
cloîtrée d’un couvent offre beaucoup de temps afin de réfléchir, prier et –
sans doute – considérer sa vie dans les plus moindres détails. On ne peut qu’imaginer
qu’Angelica a dû passer des heures innombrables à contempler « son secret »,
à considérer les avenues possibles qui pourraient germer si telle ou telle
chose se produisait, etc.
La table est donc mise lorsque la tante (une Princesse!)
d’Angelica vient la visiter. Trève de plaisanteries (il ne reste que trente minutes
à l’opéra après tout) – Angelica doit renoncer à sa part du patrimoine
fanilial. Elle est une tare, une éclaboussure sur la bonne réputation de la
famille. «Mais qu’adviendra-t-il de mon fils? » demande Angelica. « Ton
fils est mort il y a fort longtemps » réplique la visiteuse. Allez, signe le parchemin et finis tes jours
ici!
Puccini le suicide de ses sopranos
Je crois qu’il y a peu de choses qui sont à peu près garanties
chez Puccini, et l’une d’elles est que ses protagonistes féminins ne risquent
pas de survivre le dernier acte. Il y a des exceptions (Minnie dans Fanciulla, par exemple), mais qui parle
drame lyrique parle de destin tragique, et la mort de Manon Lescaut, ou de Mimi
ou de Tosca sont en sorte la rançon que Puccini se doit de payer afin d’obtenir
le résultat convoité.
Le suicide est courant chez ces personnages, et dans
toutes sortes de situations névralgiques. Tosca, cernée au plus haut des
remparts d’une prison, choisit un plongeon désespéré plutôt qu’un
emprisonnement et une mort certaine. La bonne Liu, plutôt que de trahir le
Prince qu’elle aime secrètement, choisit le suicide afin de de contrer les tortionnaires de Turandot. Cio Cio San, elle aussi trompée par Pinkerton, choisit le suicide –
une mort honorable plutôt qu’une vie de déshonneur.
Angelica choisit le suicide, non seulement afin d’éviter
des décennies d’un calvaire personnel, mais aussi afin de retrouver l’enfant qu’elle
a dû abandonner. Comme mentionné précédemment, je ne peux croire qu’Angelica n’a
pas considérer cet acte ultime lors de ses longues heures de solitude au
couvent – ce n’est pas ici un geste précipité mais plutôt une conclusion inévitable.
Angelica est résignée – alors qu’elle prépare une
tisane empoisonnée, elle chante avec allégresse ses adieux, croyant sincèrement
qu’elle ira dans un monde meilleur.
Et alors, Puccini propose un coup de théâtre.
A peine a-t-elle avalé le breuvage amer, Angelica est
saisie d’un remord glacial: le suicide est un péché mortel, et elle sera condamnée
au purgatoire, et ne sera jamais réunie avec son fils. Dans soin délire, elle
implore la Sainte Vierge de la pardonner et de prendre pitié d’elle.
Puccini exauce l’ultime désir d’Angelica – d’ailleurs,
le livret est formel: « Il Miracolo » - le miracle. Alors qu’Angelica
passe de la vie è l’après vie, elle est accompagnée par la Vierge et son tendre
fils. Donc, pas une hallucination, mais un désir exaucé.
Le rideau tombe. Mins d<une heure et tout l'auditoire est en pleurs. Bravo, M. Puccini!
La Performance
Pour notre performance de Suor Angelica, j’ai choisi
une version croquée sur le vif à l’Opéra de Sydney en Australie (le 22juillet
1977) avec la cantatrice Australienne Dame Joan Sutherland dans le rôle-titre,
accompagnée par son maru, Richard Bonynge.
Giacomo PUCCINI (1858-1924)
Suor Angelica (Soeur Angelica)
Opéra en un acte, livret en italien de Giovacchino Forzano.
Deuxième opera de Il Trittico (1918)
PERSONNAGES PRINCIPAUX
Suor Angelica (Soeur Angelica)
Opéra en un acte, livret en italien de Giovacchino Forzano.
Deuxième opera de Il Trittico (1918)
PERSONNAGES PRINCIPAUX
Suor Angelica – Dame Joan
Sutherland
La Princesse - Rosina Raisbeck
La Princesse - Rosina Raisbeck
Choeur et orchestre du Sydney Opera House sous Richard Bonynge
Argument de l'opéra: http://fonddetiroir.hautetfort.com/archive/2009/04/18/le-triptyque-2-suor-angelica.html
Livret (en Italien): http://www.impresario.ch/libretto/libpucsuo_i.htm
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